Opération Mojito

- Ah, Mojito ! J'ai compris ! Y'a du rhum dans le mojito, ça c'est un truc de pirates, les Sorabes donc, et aussi des glaçons, ça c'est parce qu'on est en Micraustrale ! On va couler les pirates dans la glace.
- Oui, Igor. C'est ça. Tu n'es décidément pas le couteau le plus aiguisé du tiroir.

Ainsi conversaient deux fusiliers marins du NML Jade, patrouilleur brise-glace de la marine livadienne lors de l'opération Mojito visant à évincer par la force les Sorabes de leur petite possession micraustrale.

Quelques minutes plus tard, le NML Ventspills avait détruit à l'aide d'un missile de croisière le bâtiment véranais, plus chalutier armé que véritable vaisseau de guerre. Désormais, l'escouade de fusiliers-marins attendaient l'ordre d'investir la petite base sorabe.

Le combat fut bref. Les Sorabes n'étaient pas très bien implantés dans ce territoire. Pris par surprise, les forbans opposèrent une résistance minime. Deux furent tués et les autres se rendirent.

Une heure plus tard, la portion sorabe était livadienne et les puissantes moto-neige des fusilliers achevaient de quadriller le nouveau territoire.

Le commandant de la place de Fort-Livadia fut réveillé au milieu de la nuit par son ordonnance. Il était en train de rêver qu'il rentrait, chevauchant sur son dragon de combat, à la tête de ses troupes dans Gornograd. Aussi, lorsque le jeune homme lui annonça les tirs sorabes, il crut à la guerre micromondiale.

Quelques minutes plus tard, il descendit dans son bunker sécurisé. Là, son état-major l'attendait sur le pied de guerre mais hilare.

- Général, notre système défensif a fonctionné parfaitement. Tous les missiles ennemis ont été abattus.
- Très bien, lieutenant, très bien. Déployez la contre-attaque.

Quelques minutes plus tard, le sous-marin NML Faïlala tira à son tour ses missiles. Anxieusement, sur la commande de contrôle de tir, le général suivit la trajectoire des trois projectiles. Tout d'un coup, en pleine mer, deux disparurent, puis l'autre quelques secondes plus tard.

- Commentez moi ça lieutenant ! Impact ou pas ?
- Oui, général. Nos deux premiers missiles ont été abattus à portée de l'objectif, mais le dernier a touché le sous-marin. C'est indéniable, on les a cartonnés.

Le général eut un large sourire. Il rédigea immédiatement son rapport à Ostwald arguant que l'opération militaire sorabe avait été un cuisant échec, que les missiles livadiens avaient une efficacité très élevé et qu'il y avait probablement un sous-marin de moins dans l'ordre de bataille sorabe.

Les capacités militaires de Sorabe avaient été largement sous-évaluées. Cette fois-ci ce furent les défenses anti-aériennes qui sauvèrent le damné vaisseau. On arrêta les frais pour ce soir; une nouvelle stratégie devait être mise à pied d'œuvre.

Les forces aéronavales livadiennes avaient déployé d'énormes moyens pour retrouver le sous-marin fantôme. Cette traque eut été un film haletant si des vies n'avaient pas été en jeu.

Depuis le NML Ludmilla, les stratèges simulaient les routes possibles du sous-marin sorabe. Régulièrement, depuis le porte-aéronefs Kaljulaif, des hélicoptères et des drones étaient lancés pour localiser visuellement l'ennemi. Il ne s'agissait plus de balancer des missiles fort couteux au petit bonheur la chance comme la veille.

En tout début de soirée, le NML Nouvelle-Livadia, sous-marin de dernière génération, formula une hypothèse de tir. Cette crique abritée pouvait être le repère du damné vaisseau.

Le sous-marin était de toute évidence inlocalisable. Les Sorabes étaient passés maîtres dans l'art de la furtivité. Les Livadiens espérèrent que les dégâts infligés devant Fort-Livadia réduiraient significativement les capacités du vaisseau.