Opération Margarita

- Putain, qui a eu cette idée à la con de donner des noms de cocktails à nos opérations militaires ?
- Je ne sais pas commandant. Une huile à Ostwald doit se sentir fine.

Le commandant haussa les épaules. Il commandait personnellement le sous-marin NML Pune, et à quelques encablures de lui le NML Reval le suivait de près. Il venait de recevoir de manière ultra-cryptée les plans d'une opération "Margarita" dont les étapes se dévoilaient l'une après l'autre. Pour le moment, on fonçait plein nord.

Tels des chats tapis dans un fourré attendant le moment opportun pour bondir sur une proie, les sous-marins livadiens s'étaient approchés furtivement de Sorabe. Leurs mouvements erratiques et le tohu-bohu des autres navires sur ses voies maritimes fréquentés couplés à leur qualité accoustique les avaient rendus extrêmement difficiles à repérer. Désormais, cachés derrière l'île de Poldévie, ils attendaient la suite des opérations.

La phase II fut dévoilée. Ordre était donné de tirer tous les missiles, hors ceux de riposte, contre Port-Princier, la base navale de Sorabe.

- Fichtre ! Ca va faire un beau feu d'artifice maugréa le commandant.

On tirait une vingtaine de missiles balistiques de haute précision. Jamais Sorabe n'avait été ainsi attaqué. Peut-être ces forbans entendaient-il mener une guerre de course et de raids classique, mais Livadia leur répondrait par la guerre totale. Sorabe rentrerait dans le dur, dans un conflit où chaque lendemain était plongé dans une brouillard opaque.

Les résultats du raid étaient encore fragmentaires, mais ils semblaient excellents. La défense anti-aérienne avait, semble-t-il, particulièrement bien fonctionnée, néanmoins plusieurs missiles étaient passés au travers. Les imageries satellitaires donneraient une idée plus précises des destructions dans les heures à venir.

Quelques minutes plus tard, la nouvelle de cette perte irréparable consterna le camp livadien. On probablement surestimé les capacités de furtivité des bâtiments et sous-estimé les potentialités balistiques sorabes.

Une poignée de sous-mariniers avaient pu survivre au moyen de combinaison de survie sous-marine. A quelques encablures de Melino, ces rudes gaillards devraient encore fournir des efforts colossaux pour rejoindre la côte pryanne. Et pourtant, ils étaient des miraculés…